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Cosmétique bio, label et certification, une sécurité accrue?


Le boom de la cosmétique naturelle et bio

Depuis quelques années déjà le marché des cosmétiques bio s'est considérablement développé. De nouvelles marques ont fait leur apparition, des marques connues et des distributeurs ont lancé ou racheté des gammes bio.  Il n'y avait que 50 marques de cosmétiques Bio en France en 2005. En 2018, 450 sont labellisées Cosmébio (ce qui représente plus de 9000 produits), label dominant de la cosmétique bio en France., sans compter les petites marques qui ont décidé pour des questions éthiques ou économiques de ne pas être labellisées.

 

En France, 2ème marché européen, le boom est considérable entre 2005 et 2009, avec une progression de 20 à 30 % par an du marché de la cosmétique bio et naturelle. Depuis 2010, la progression du marché a certes ralenti (environ 5 % par an), mais elle reste bien supérieure à celle de la cosmétique traditionnelle et grignote petit à petit des parts de marché. Elle représente plus de 4 % du marché global des cosmétiques, loin toutefois derrière l'Allemagne, 1er marché européen, où le chiffre d'affaire de la cosmétique bio est près de 2,5 fois supérieur à celui de la France et où la part de marché est de près de 10%.

45 % des français déclarent toutefois avoir acheté un produit cosmétique bio en 2017 selon l’enquête réalisée par l'Agence Bio/CSA en novembre 2017 et publiée en février 2018, alors qu'ils n'étaient que 26 % en 2010. La premiere raison invoquée pour acheter bio, que cela soit en alimentation ou en cosmétique, est la préservation de sa santé, les questions d'environnement venant en deuxième position.

Depuis quelques années, l'information sur les produits potentiellement dangereux s'est accrue et a obligé les fabricants de cosmétiques à revoir leurs compositions. Ainsi les parabens ont pratiquement disparus. Aujourd'hui les ingrédients le plus souvent mis en cause sont les sels d'aluminium, les silicones, le phenoxyethanol ou encore dernièrement les nanoparticules.  

 

Les labels bio, pour y voir plus clair?

Cela fait assez peu de temps que les acteurs du marché français  se sont regroupés pour essayer d'y voir plus clair.

En 1998, Nature et Progrès, association regroupant des professionnels de l'agriculture biologique, crée la première certification pour les cosmétiques bio et naturels en France.  En 2002, l'association Cosmébio et son label sont créés, afin de construire un repère pour les consommateurs. Si les associations définissent le cahier des charges de leur label, elles n'ont pas le droit de certifier les produits elle-même. La loi exige que le cahier des charges soit « porté par un organisme certificateur », tel Ecocert ou Qualité France. Ils ont pour rôle de contrôler, sur la base du cahier des charges, que les entreprises respectent bien les conditions pour acquérir le label.

Si pendant 15 ans Cosmebio a utilisé un cahier des charges national rédigé par les membres fondateurs de l'association, aujourd’hui elle utilise le référentiel COSMOS (Cosmetic Organic Standard), plus exigeant et utilisable au niveau international. Il a été créé par BDIH (label allemand), Cosmébio, Ecocert, ICEA (label italien) et Soil Association (label anglais), afin d’harmoniser les garanties des labels de cosmétique bio entre les différents pays du monde et de rehausser les exigences selon les attentes des consommateurs, puisque le minimum d'ingrédients issus de l'agriculture biologique dans le produit fini passe de 10 % à 20 %. Vue la quantité d'eau dans la plupart des produits cosmétiques, 20% c'est bien, mais ce n'est qu'un minimum et les fabricants peuvent précisés sur le packaging le pourcentage d'ingrédients bio comme le fait Phyt's. Par ailleurs, seuls les ingrédients biodégradables sont dorénavant autorisés.

Depuis le 1er janvier 2017, le cahier des charges COSMOS remplace les cahiers des charges nationaux pour la certification des nouveaux produits et des produits mis à jour.

  

Est-ce que la cosmétique bio est une garantie de sécurité?  

Attention, en fait, trois labels différents existent. Vous pouvez toujours trouver l'ancien label Cosmebio, mais sur les nouveaux produits vous trouverez soit le Label Cosmos Organic, le plus exigeant qui permet de certifier le caractère bio du produit, soit le Label Cosmos Natural, qui certifie un produit cosmétique naturel (qui peut contenir des ingrédients bio sans toutefois le certifier). 

Au-delà de la composition du produit, les deux nouveaux labels respectent le référentiel COSMOS qui couvre tous les aspects de l’approvisionnement, de la fabrication, du marketing et du contrôle des produits cosmétiques en 12 chapitres. Le label garantit l'origine des matières premières, pour encourager un approvisionnement éthique et durable, le procédé de transformation doux et non polluant (chimie verte), la fabrication du produit fini (composition propre, emballage, stockage), l'étiquetage transparent et la communication responsable. 

Par principe de précaution, tout ingrédient, technologie ou procédé présentant un risque scientifiquement avéré pour la santé ou l'environnement est interdit. De ce fait, ne sont pas autorisés:

  • les nanomatériaux
  • les OGM ou dérivés d'OGM
  • les tests sur les animaux (aussi bien du produit fini que des ingrédients qui composent le produit)
  • l'irradiation aux rayons gamma et X
  • l'utilisation de matières premières brutes issues d'animaux vivants ou abattus 

Les critères du label Cosmébio permettent d'éviter l'utilisation d'ingrédients polémiques comme les silicones, le phénoxyéthanol, les parabènes, les PEG…

Par ailleurs, l'eau ne peut être certifiée bio mais doit satisfaire des normes d'hygiène. De même les minéraux ne peuvent être certifiées bio et ne peuvent être utilisés que si ils sont obtenus sans modification chimique intentionnelle et  avec des processus d'extraction respectueux de l'environnement. 

Il est permis d'utiliser des ingrédients d'origine animale si ils sont produits par un animal (ex: cire d'abeille) mais ne constituent pas une partie de l'animal et si ils n’entraînent pas la mort de l’animal concerné.

 

Les différents logos et leur signification

 

95% minimum d'ingrédients d'origine naturelle sur le total du produit  (eau et minéraux considérés comme naturels)

- 95% minimum d'ingrédients bio sur l'ensemble des végétaux

- 10% minimum d'ingrédients bio sur le total du produit (eau et minéraux considérés comme non bio car non issus du vivant) 

- Sur le total du produit, limitation de l'origine pétrochimique (liste d'ingrédients autorisés avec dosage maximal), ce qui revient in fine  à environ 95% minimum d'ingrédients naturels.

- 95% minimum d'ingrédients végétaux bio sur l'ensemble des ingrédients pouvant être bio (tels que les végétaux, la cire d'abeille, le lait...)

 - 20% minimum d'ingrédients bio sur le total du produit (10% pour les produits à rincer et minéraux - eau et minéraux considérés comme non bio car non issus du vivant) 

 

 

Sur le total du produit, limitation de l'origine pétrochimique (liste d'ingrédients autorisés avec dosage maximal), ce qui revient in fine  à environ 95% minimum d'ingrédients naturels.

Par rapport à la cosmétique conventionnelle, la cosmétique naturelle et bio labellisée garantit donc

  • Une composition propre : un pourcentage élevé d'ingrédients d’origine naturelle et biologique et l'absence de la majorité des ingrédients controversés.
  • Une composition noble et efficace :  un pourcentage élevé d'ingrédients naturels actifs à la qualité préservée  (jusqu'à 30 à 40 % d'actifs contre quelques % pour la cosmétique conventionnelle).
  • Une transparence pour le consommateur : toutes les informations qui aident le consommateur à y voir clair, comme la liste INCI ou les pourcentages d’origine naturelle et biologique, apparaissent sur les emballages.
  • Le respect de la nature : Les procédés de transformation et de nettoyage sont non polluants, l’emballage doit être raisonné.
  • Le respect des animaux : seuls des ingrédients produits naturellement par les animaux sont autorisés. Seul le carmin fait exception, faute d’alternative végétale. Certaines marques proposent des formules vegan.

De l'importance de savoir déchiffrer les étiquettes

Toutefois, tous les produits labellisés ne se valent pas. Ainsi, le label Cosmos Natural respecte le cahier des charges Cosmos mais ne garantit aucun pourcentage de produits issus de l'agriculture biologique, au contraire des autres labels.

Dans tous les cas, les ingrédients chimiquement transformés issus d'ingrédients naturels entrent dans cette appellation "ingrédients naturels". Les procédés de fabrication sont certes issue de la "Chimie verte" , donc doux et non polluants, mais il peut y avoir une différence de qualité entre un produit naturel et un produit d'origine naturelle, même si ni l'un ni l'autre ne sont nocifs pour la peau. Ainsi, on privilégiera une huile végétale naturelle, qui contient des vitamines, des antioxydants, des acides gras essentiels lui conférant de nombreuses propriétés, à une huile estérifiée issue d'huile végétale, qui perd certaines de ces propriétés dans le processus de fabrication.

De ce fait, deux produits labellisés Cosmebio "Cosmos Organic" peuvent avoir des compositions et des pourcentages d'ingrédients naturels non transformés très différents. D'où l'importance d'être un consommateur averti, de savoir lire les étiquettes et de connaitre la fonction et l’intérêt d'un ingrédient (affinité avec la peau, risque pour la santé). Une véritable huile végétale apparaît toujours avec le terme "oil" par exemple. Différents outils, dont je vous reparlerai dans de prochains articles, permettent d'aider à mieux décrypter les étiquettes. 

 

Label naturel et bio, ne signifie pas risque zéro

Par ailleurs, même si la plupart des ingrédients controversés ne peuvent entrer dans la composition des produits labellisés Cosmébio, ce n'est pas pour ça que le risque zéro n'existe pas. En particulier, on peut toujours être allergique a un composant, ce qui est vrai pour tout produit cosmétique, qu'il soit conventionnel ou bio.

Ainsi, certaines huiles essentielles, souvent utilisées en cosmétique bio, ont un potentiel allergène important et sont interdites dans certains cas (femmes enceintes, bébé, enfants, exposition solaire...). Du fait de leur haute concentration, elles doivent être utilisées avec parcimonie et discernement. 

 

Donc bien que les labels "naturel et bio", apportent des garanties supérieures à la cosmétique conventionnelle, il faut tout de même faire attention et ne pas acheter les yeux fermés sous le prétexte qu'un label apparaît, décortiquer la liste INCI du produit et ne pas se contenter de ce qui est mis en avant sur la packaging, comparer plusieurs produits ou demander conseil. Restez vigilants!

 

Bibliographie et sites internet

"La vérité sur les cosmétiques", Rita STIENS, Leduc Editions, 2012 et site internet laveritesurlescosmetiques.com  

Site de l'association Cosmebio

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